mardi 31 mai 2016

L’enfer me ment


L’enfer me ment

Se présente un enfer sans flamme,
Prison sans terre et sans enclot
A la barbe d’un ciel sans drame,
L’aliénation sans froid ni chaud.

Le diable sans rouge ni corne
D’un ricanement inaudible,
Alourdit d’une sueur morne
La volonté qu’il prend pour cible.

Soumission à la loi du plus fort
Quand un sourire devient faiblesse,
Que chaque matin à l’aurore
L’on se réveille avec une laisse !

Aller mendier maigre salaire,
Le dos bien droit la face claire,
Perdu dans l’illusion de plaire
Quant au miroir tout est misère !

Le bruit, masque d’indifférences
Résonne dans les grandes villes,
Donnant l’illusion de mouvance
D’un sol grouillant mais infertile.

Marche de soldats immobiles
Sans clairon pour annoncer la guerre,
Car chacun dort sur son île
Et ne se voit en va-t-en-guerre.

Alors la mort se désespère
D’accueillir sous sa jeune faux
Des âmes mortes avant l’hiver,
Des âmes déjà au tombeau !


 H. Seposa


Luigi Miradori (dit Genovesino), Cupidon endormi, vers 1652




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