samedi 4 avril 2015

Amnésique Arlequin



Amnésique Arlequin

Et si je fus porté d’images en images
De sens en absence
De transe en conscience
 Sur les flots d’une mer empourprée de blanc ?
Si les naïvetés apparentes
N’étaient que le masque
D’une sérénité secrète ?
Si je paraissais encore
Ce que je ne saurais plus être ?
S’il fallait
Pour retrouver Ithaque après l’attente
De la gnose tout oublier et esseulé
Tendre la face aux vagues violentes
Sous le regard de Silène amusé ?
S’il fallait longtemps se balancer
 A la clé de la portée 
Pour embrasser la Partition
Avant de tout lâcher ?
S’il fallait
 Où la musique commence
Où le verbe s’arrête
Où les noces s’avancent
Et où la gerbe se jette
Sans autre forme de procès
 Tout arrêter
S’ensommeiller ?
Au réveil
QUI se présenterait
Au miroir du pareil ?
PERSONNE
Personne qui surgirait de ce voyage
Qui rend étranger le familier.
Personne parfait en sa volonté
De voir dans l’ancien toute la nouveauté
Et depuis le nouveau les vieux appareillages.
Faites place à…
Personne ayant donné repos à la pensée
 Et tissé sur l’abîme
Du haut comme du bas de sa vive humilité
Le pont depuis lequel il s’inventait !


H. Seposa

Pablo Picasso, 1918, Arlequin au violon