dimanche 21 décembre 2014

Trace sans espace


Trace sans espace

Ensemble diffus d’états d’âme cohabitant
Au-delà du « je »
Big Bang de sensations recomposées par la mémoire
 Cherchant à s’agripper au connu
Et qui pourtant jubilent depuis le mystère.
Composition symphonique d’un univers diachronique
De son atmosphère mystique
Et de sa vue de là-haut
 Dont le sommet est invisible pour les yeux
 Élévation, Graal d’un esprit et d’une âme.
Clairvoyance de l’aveugle béni des dieux sans nom
 Des routes sans trace.
Alléluia du muet
 Souvenir sans mémoire
 Signe sans tableau
 Trace sans espace
 Encre sans plume
 Au bémol de l’Envol !
Évidence d’une solitude béate
Ainsi roule la valise multicolore de l’apatride
 Du nouveau-né absent le jour de sa naissance.
Hymne à la vie émergeant du caveau de la vie même
 Apothéose sans parole du point final
 A la virgule de l’éternel recommencement

H. Seposa



Le Voyageur contemplant une mer de nuages - Caspar David Friedrich



lundi 17 novembre 2014

Sarcastique voyage - Socratique paysage

Sarcastique voyage - Socratique paysage


Si des voyageurs en mission,
De peurs, d’orgueil en rébellions,
S’offusquant d’impossibles mœurs
Et s’exposant à tout heurt ;

S’hérissant d’harassés combattants
Et d’élégiaques tailleurs s’offrant,
Museliers de questions et de muses
Et qui de certitudes s’usent ;

Si à ces trous-badour exilés
                        - Touristes fraudeurs endimanchés -
Âme de Socrate apparaissait,
Alors de très loin on verrait,
Son regard en dedans plongé…

Alchimie d’Interrogations et de rires,
L’âme soumise à la question soupire.
Et tandis que le doute se pose,
Vient l’Art de la métamorphose.
 - Voyez cet homme que l’on arrose !
Il ne connut ni prison, ni forteresse,
Refusa bastion et maux d’ivresse.

Aussi, plus loin que Socrate encore,
Découvrir au fond de soi d’abord,
 Que le voyage hors de Grèce,
 Fit naître Héraclite et Thalès.


  
H. Seposa


La mort de Socrate - David



mardi 21 octobre 2014

Tempérance

Tempérance,

A toi qui me fis défaut en mes jeunes années,
Toi qui éclatais pourtant de ton absence,
Écartant de moi cette impassible indifférence
Qu’il faut aux cœurs pour s’attacher.

Et les mille traités que je lisais alors,
Cherchant la sagesse, moi le conquistador,
Me remplissaient de plus d’impatience,
D’une ivresse qui m’éloignait de la tendresse
Que de mes vœux tout entiers j’appelais.

Victime de mon intégrité déversée en des flots bouillonnants,
Je découvrais mes interlocuteurs apeurés et fuyants !

S’il faut au sage, une bonne pincée d’honnêteté,
C’est à la vérité par son silence qu’il rayonnait ;
Et si à ma jeunesse je pu m’adresser,
Je dirais à l’impatient que j’étais,
Qu’il y a plus de saveur dans la goutte,
Longuement, longuement attendue,
Que dans la marre de cocagne qui s’offre à toutes les vues !

Tempérance,
Vertu qui manquait au jeune poète que j’étais,
 Méconnaissable tandis que le tout je partageais,
 Mer de sable éternellement inconnue,
 Moi qui jamais, jamais ne t’ai connu !
  

H. Seposa



DAUMIER - Poète dans la mansarde.

mercredi 15 octobre 2014

D'or et Lit




D’or et Lit

D’un vent pétillant
Que tu abrites déjà,
Tu demandes au temps
De ranimer ta foi.

Tu voudrais que tous s’accordent
A tes futurs émois ;
Volonté qui borde
La rive où tu n’es pas.

Et si tu souhaitais
Ma jolie, mon amie,
Faire éclore par brassées
Cette multicolore orgie ;

Vis de ton sein dansant aria
Vois le miroir qui t’attend toi
Et qui de ton seul « oui » surgira !


H. Seposa




lundi 29 septembre 2014

La mort du poète


La mort du poète

Sursauts et jaillissements de conscience lucide tarissent l’inspiration.

La muse ne répond pas aux pourquoi, elle veut danser sans y penser.

Trop de lumière aveugle.

Au royaume des poètes les borgnes sont-ils rois ?

S’il vient au poète que le temps a passé, que la course des questions-réponses fut nourrie d’irréalisé, que reste-t-il des mots ?

Que reste-t-il du poète qui ne soit amertume ?

Au petit matin brisé d’actualité, sans compagnon pour affronter la nuit tombée,  las de toutes ces muses qu’on assassine, c’est le poète qui se débine.

Trou béant de lucidité et spirale d’inconnu, le temps à la pesée est trop lourd à porter.

Si ce n’est que passager, l’histoire se poursuit avec un chameau qui se décharge, le passage d’un Lion de volonté et le sourire d’un enfant qui se conjugue au présent.

L’enfant, loin des turpitudes métaphysiques, loin de l’effritement de l’être s’abîmant en un « je » qui ne se connaîtra jamais lui-même, jouera sans y penser de fin et d’éternité.

Mais, si le sursaut se fit trop haut, que la chute venait à casser la plume, c’est l’arrêt de mort du poète, son mariage avec l’absurde.

Il jouait jusqu'ici la tragédie, sublimation de souffrance, puits de sens par-delà bien et mal,
Voici que meurt le héros qu’aucune question ne ressuscite.

L’absurde rompt le poète comme le vent du Nord le chêne.

Et lorsque sa mort survient, le calme revient, néant vide ou plein, plus rien n’a d’importance lorsque surgit l’indifférence.


H. Seposa











jeudi 25 septembre 2014

Trêve silencieuse


Trêve silencieuse


La silhouette élancée

Et le regard fuyant,

D’un vol assuré

Qu’on eut dit chancelant,

Il courait silencieux

Vers d’ineffables rêves.


Pas même un vœu,

Tout autour c’est la trêve.


Bienveillance du ciel apaisé,

Les images mouvantes,

Occasions de Beauté,

Dansent pour lui ondulantes.


Le vol terminé, désapprivoisées,

Des images, toujours les mêmes, abîmées…

Miroirs d’enfants brisés.


Maintenant, c’est à nouveau la fête

D’un univers sans queue, sans tête.


H. Seposa








mardi 23 septembre 2014

D'où qu'elles nous viennent...

D’où qu’elles nous viennent…



Connais-tu la joie de te réveiller un beau matin,
Étreint de la rougeur de l’aube et du chant du muezzin ?
Y-a-t-il en ta mémoire une marche caressante,
Lente…
 Sur du pavé rosé en des ruelles ascendantes ?

Sais-tu encore t’éblouir de la blancheur des murs,
Saisir ce souvenir de ta mémoire et plus sûr
Que la réalité même, raviver la fraîcheur
Du Mausolée, qui loin de la haine embrasait les cœurs ?

Peux-tu voir en ce lieu, sous un linceul multicolore
Ce Saint et son Dieu Absents pour les yeux et qu’on adore ?

Si tu connais, si tu sais et que comme moi tu vois,
Ta soirée fut endeuillée par quelques hommes sans loi
Qui prirent en otage bien plus qu’un être, mais cette foi  
Qui fit merveille en l’Emir, en Messali et au-delà…

Diffusons ce cri : De leur Algérie nous ne voulons pas
Et à cette boucherie nous ne participerons pas !
Non ! Nous ne renflouerons pas les caisses des grands financiers,
Non ! Nous ne laisserons pas la parole aux endoctrinés !

Ce pays, qu’on a déjà tant de fois pillé, spolié,
Arraché tant à lui-même que ses lambeaux encore luisaient
Dans les regards désabusés de ceux qui naissaient hier.
Sur ce sol plein de promesses, dans les esprits même en hivers,
Gardons-nous bien de la peur, et refusons d’un même cœur.

Refusons toutes les injustices d’où qu’elles nous viennent,
Il n’y aura pas de « leur » Algérie : ni Al-Qaïdienne, ni américaine !

H. Seposa













lundi 22 septembre 2014

Initiation



Initiation


Cri silencieux du naufragé

Qui sous la lune submergé

S’enivra du poison d’un nom

Et vécut de mille dispersions



Miroir de vagues ruisselantes

Plus rien de l’enfer de Dante

Ne reste qu’un sens liquéfié

La mer est calme on peut nager


H. Seposa



Caspar David Friedrich - le promeneur au-dessus des brumes







dimanche 21 septembre 2014

L'identité mirage

L’identité mirage 


L’Identité ce bistouri
 Qui entaille et divise
 Est le meilleur alibi
Des décideurs en chemises.

Humanité ensommeillée...

Sur le lit de Procuste
Paradoxe ils ajustent
Et fabriquent l’unité :
Exploitation et pauvreté
Sur révolutions simulées.

Pornographie qui aboutie
 De Jakarta à l’Algérie
Et d’Israël en Palestine,
Les coupables on ne devine ?

Quid des écoles épuisant le renouveau à la source ?
 Quid du forage des volontés à la bourse,
 Du pétrole, des belles idées ?
Quid de toutes NOS ressources vampirisées !?
  
Jaillissement de désaffection,
Triomphe des Narcisses,
Rois des peuples qu’ils contaminent
Et condamnent à l’inspiration de toxines.

 Invisibles, partout et nulle part,
 Les monarques en bavoirs
Se flattent d’abêtir et nourrir
 Toutes les fanges du fanatisme
 A la table de tous les Schismes.

 Les fanatiques,
 Petits soldats crétinisés
 À la solde des carnassiers
Assurent la peur panique
Et font diversion
Pendant la désinfection.
   
C’est ainsi que les cancres
 Privés de papier et d’encre,
rebut du système et rebutés par lui-même –
Sont frottés à la javel.

Et l’on pompe en eux une idée d’humanité
 Comme les hôpitaux le sang des malades,
Et on les transfuse de peurs barricades,
Ainsi sont les préposés à la défense de l’identité javellisée.

 Pendant que la guerre de tous contre tous fait des ravages,
Que se distille le wahhabisme multipliant harragas et naufrages,
 Que se propagent les rigorismes d’aliénation,
 Continue de couler la chape de plombs
Sur la Source qui appartient à tous.

 Et sous les marchés financiers,
  Les Etats endimanchés,
Les monarques cachés
Continuent de s’engraisser. 

Ainsi, tissent-ils l'identité mirage
Distribuant au milieu du tapage
Quelques miettes avariées.

Mes sœurs, mes frères floués,
Agrégation de petites unités,
 De revendications sans incidence,
Nous avons Un combat à ranimer,
Des fronts à réunir pour retrouver la transe.

Et s’il fallait parler d’identité,
Ce souffle dans vos poitrines sentez !
 Celui des générations passées
Qui ont pris le maquis pour un monde de paix.
Et s’il faut une identité commune,
Commençons par redescendre de la tribune
L'égotique cynisme masque du fatalisme,
 Tombe de l'espoir et paradis de pétrodollars.

L'heure est venue de rendre aux Narcisses
 Leur pauvre identité
Et leurs miroirs d’abysses,
 Au nom de notre commune humanité,
Au nom de ce souffle dans nos poitrines retrouvé !

H. Seposa









samedi 20 septembre 2014

Aux âmes lunaires

Aux âmes lunaires

Aux grandes illusions d'un passé brillant,
D'un avenir clinquant,
Aux grandes phrases lumineuses et creuses,
A vos images dorées, vos armoires ornées,
A vos corps délaissés, vos esprits troublés,
A vous naufragés de la première Sirène
Sera présentée Sophia fille d'aubaine
Sans rouge, ni blanc, ni bleu,
 Sera livré le miroir de ces âmes translucides qui savent être ce qu'elles sont
Sans regarder derrière, ni courir devant.

A vos histoires de potentiels
 Au grand gâchis du ciel!
A vos mémoires tourmentées,
 Vos désirs d'immensité,
A toutes vos déchirures dorées,
Je n'ai et je n'aurai jamais
 Qu'une âme baignée de simplicité,
S'il y avait à opposer.

Je pleure la rencontre avortée avant que d'être née
  De vos âmes écartelées :
 Fossés d'immortalités.
N'ayez plus peur des yeux!
Par pitié pour vous-mêmes,
Ne soyez que vous-mêmes,
Vous n'êtes pas des dieux !

H. Seposa


magritte hommes et lunes

 Hommes et lunes – René Magritte